Ce n’est vraiment pas pour me plaindre. Reste que je suis content de voir enfin mon nom apparaître en entier dans le journal cette session…
Après un article de mon cru réduit en brève, il y a deux semaines, et un commentaire non publié il y a sept jours, voici mon éditorial, qui porte sur la présence canadienne lors de la conférence de Copenhague.
Il a été légèrement modifié, si on compare à l’original, et la fin est selon moi moins « punchée ». J’ai aussi oublié de spécifier qui est Al Gore, même si on peut penser que la majorité le sait. Et question présentation, je n’ai jamais vraiment aimé l’exergue en plein milieu du texte dans le journal.
Mais bon, rien n’est parfait, hein?
Le défi vert de Harper
Le manque de conviction de Stephen Harper devant le Sommet sur les changements climatiques des Nations Unies, qui se tiendra dans moins d’une semaine à Copenhague, en dit long sur l’irresponsabilité du gouvernement canadien. Et dire que ce cher Stephen a hésité à assister à cette rencontre déterminante pour l’avenir de toutes et de tous…
Au fond, il faut se réjouir que le Premier ministre se rende dans la capitale danoise. Harper aurat-il l’occasion de constater à quel point les mesures prises par le Canada au chapitre de la réduction des gaz à effet de serre (GES) sont peu ambitieuses?
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, l’a lui-même affirmé la semaine dernière. Cette décision de la part de Harper va-t-elle amorcer un changement de mentalités plus que nécessaire, tant de la part du gouvernement en place que des électeurs canadiens? On en doute fort.
Il est pourtant grand temps d’agir devant cet alarmant et pernicieux bouleversement que constitue le réchauffement planétaire. La Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE), dont la mission consiste à conseiller le gouvernement canadien, notait, dans un rapport publié la semaine dernière, l’urgence de la situation.
«Étant donné les nombreux risques qu’un climat changeant représente pour notre économie et notre environnement, il n’y a pas de temps à perdre», pouvait-on y lire. D’ailleurs, dans ce même rapport de la TRNEE, il est écrit qu’«une action coordonnée et stratégique à l’appui de la préparation du Canada [aux changements climatiques] fait cruellement défaut».
Qu’on se le dise, cela n’a rien d’étonnant. Ces dernières années, au lieu d’agir, le gouvernement canadien, avec à sa tête Stephen Harper, a préféré fuir le problème.
Ils sont plusieurs à l’affirmer, en parlant du Sommet de Copenhague, et ils ont tout à fait raison : nous ne devons pas échouer. Mais de toute évidence, le Premier ministre canadien s’obstine à démontrer que le dossier le préoccupe. En fait, posons la question sérieusement : l’environnement est-il une priorité pour le gouvernement Harper?
Harper devra démontrer qu’il ne va pas à Copenhague simplement parce que la pression était trop forte. Tout un défi pour le Premier ministre. Il faut le dire, Harper est coincé dans une situation délicate. Il ne veut pas perdre ses liens étroits avec l’industrie pétrolière et les exploiteurs des sables bitumineux de l’Alberta.
Ce qui mène à une autre question : un Premier ministre est-il responsable s’il n’agit que pour ses intérêts personnels ? La réponse à cette question s’avère également évidente.
Ils sont de plus en plus nombreux à en avoir assez de cette indifférence manifeste. Même Al Gore a avoué dernièrement ne plus reconnaître le Canada. Alors que le Canada s’impliquait de belle façon dans des enjeux internationaux auparavant, rien de cela ne se voit aujourd’hui.
Par conséquent, affirmer que Harper est l’homme de la situation serait aberrant. Harper a peut-être «les deux mains sur le volant», pour reprendre l’expression d’un certain Jean Charest, mais il conduit le mauvais véhicule. Le développement durable est une voie à prendre qui vise à assurer la survie des générations futures. Dans cette perspective, il faut oublier les pratiques hautement nuisibles à l’environnement, dont les sables bitumineux, et s’intéresser aux solutions durables. La volonté politique manque à M. Harper. En fait, on ne pourrait imaginer une vision plus bornée.
Reste alors l’espoir, plutôt mince avouons-le. Pour qu’enfin, le Canada soit débarrassé de ce lourd fardeau, qu’il puisse aller de l’avant et prendre cet urgent mais néanmoins primordial«virage vert».
Publié dans L’Exemplaire du 2 décembre.